Buveurs d’étiquettes vs. Buveurs de vin : le duel au fond du verre
Il y a deux types de personnes dans la vie :
👉 Ceux qui lisent l’étiquette.
👉 Et ceux qui lisent dans le vin.
Les premiers, on les reconnaît facilement. Ils arrivent à table avec un flacon à 78€, le posent bien en évidence, et annoncent fièrement :
« C’est un Grand Cru Classé, 2016, Parker 94. »
Traduction : « J’ai lu la contre-étiquette comme si c’était un poème de Baudelaire. »
Les seconds, eux, arrivent avec un sourire en coin, une bouteille sans chichi, et sans appellation (drame !), et disent :
« Goûte. Tu verras. »
Et là, surprise : c’est bon. Très bon. Trop bon pour ce que ça a coûté.
🏷️ Les buveurs d’étiquettes
Ils aiment :
- Les appellations qui claquent (même s’ils ne savent pas où c’est)
- Les médailles en or, argent, bronze, cuivre, étain…
- Les noms connus, ressassés qui ont plu il y a 50 ans à un personnage célèbre
- Les vins bien soutenus par un marketing soigné
Ils boivent avec les yeux. Et parfois, ils oublient de goûter.
🍷 Les buveurs de vin
Ils aiment :
- Les vignerons qui bossent bien, même sans marketing
- Les cépages oubliés, les terroirs discrets, les vinifications propres
- Les vins qui sentent la terre, le fruit, le travail bien fait
- Les surprises. Les coups de cœur. Les « tiens, goûte-moi ça »
Ils boivent avec le cœur. Et souvent, ils tombent amoureux.
🕶️ Le buveur d’étiquette en dégustation à l’aveugle : chronique d’un désarroi élégant
Ah, la dégustation à l’aveugle… ce moment magique où le buveur d’étiquette perd son GPS. Voici comment ça se passe quand il entre dans l’arène sans ses repères habituels :
Il arrive confiant, chemise bien repassée, carnet de notes prêt, vocabulaire œnologique affûté.
Il s’installe, hume, goûte… et là, c’est le drame : pas d’étiquette. Pas de prix. Pas d’appellation. Rien. Juste du vin.
🥴 Phase 1 : Le flou artistique
Il regarde son verre comme s’il allait lui parler.
Il cherche des indices : la couleur, la viscosité, le bruit que fait le vin quand on le fait tourner (oui, certains écoutent).
Et il commence à dire des choses comme :
“On est clairement sur un Grand Cru, non ? Un Bordeaux ? Un 2015 ?”
Spoiler : c’est un Cesanese du Latium, millésime 2022.
🤔 Phase 2 : Le doute existentiel
Il goûte. Il aime. Mais il ne sait pas pourquoi.
Et comme il ne peut pas dire “C’est un Puligny-Montrachet à 85€”, il dit :
“C’est… intéressant.”
Traduction : “Je suis perdu, mais je refuse de l’admettre.”
🧠 Phase 3 : La rationalisation
Il commence à inventer des origines :
“On sent une vinification bourguignonne, non ?”
“Il y a un élevage en fût, c’est évident.”
Alors que le vin est élevé en cuve inox, sans bois, par un vigneron bio qui n’a jamais mis les pieds en Bourgogne.
🫣 Phase 4 : La révélation
On lui révèle le vin.
Un vin sans appellation prestigieuse, sans marketing, sans prix à trois chiffres.
Et là, il a deux options :
- Option A : Il dit “Ah oui, je le savais, c’était atypique.” (Il ne le savait pas.)
- Option B : Il dit “C’est pas mal… pour un vin du Latium.” (Il souffre.)
Mais parfois, miracle :
Il admet que c’est bon.
Et que l’étiquette ne fait pas le vin.
🎯 Moralité ?
La dégustation à l’aveugle, c’est le test ultime.
Elle remet les pendules à l’heure, les palais à niveau, et les ego en sourdine.
Conclusion
Ne buvez pas l’étiquette. Buvez le vin.
Et si vous avez un doute… appelez-moi. J’ai toujours une bonne bouteille à vous faire découvrir.
